A propos de la lumière, encore/About Light, Again

Quelqu'un qui m'a récemment écoutée parler de ce que je fais m'a fait cette observation : "tu as l'air de faire une fixation sur la lumière". Cela m'a marquée car je n'y avais jamais pensé en ces termes. Mais je suppose qu'on peut le dire, même si je préfère le mot fascination à la fixation. En effet, j'aime toutes les sources de lumière, les bougies, les lampes, le soleil, la lune... La lumière est la vie. Mais ce qui me fascine véritablement est ce qui se passe lorsque l'on introduit un élément entre la source de lumière et son environnement, de manière à n'en voir que la projection ; son empreinte sur l'espace tout autour. Reflet, ombre, lumière, couleur, leurs interactions sur les surfaces. La transformation de l'espace par cette lumière sculptée et peinte comme si elle était une matière première.

 

D'où cela vient-il ? Après réflexion, je le sais maintenant : c'est le fait d'avoir grandi sur le Cercle Polaire. Une région remarquable à plusieurs égards, mais pour moi personnellement, en raison de sa lumière qui change radicalement selon les saisons. Une nuit d'hiver où l'on trouve parfaitement son chemin dans la forêt sans lampe torche, grâce à la neige qui multiplie la puissance des rayons de la lune. Le pénombre d'un jour glacé et tout en tons de pastel qui ne dure que quelques heures dans la période la plus sombre de la nuit polaire. La douceur des bougies sur les bords des fenêtres dans cette même période. Les nuits blanches de l'été polaire. La façon dont les rayons du soleil sont filtrés à travers les feuillages des bouleaux ou entre les troncs longs et droits des pins dans la forêt. Le jeu de reflets et d'ombres dans l'eau peu profonde, sur le sable du fond marin modelé en reliefs courbes par les vaguelettes. La liste est interminable.

 

Il me semble que tout ce que j'ai appris sur la lumière - pas scientifiquement mais dans le sens de connaissance par observation et expérience dans un environnement particulier (cela me rappelle le livre "Smilla et l'Amour de la Neige") - s'infiltre maintenant dans ce que je crée avec le verre et la terre. Comme je l'ai dit plusieurs fois dans ce blog, avec le verre tout est question de lumière. Mais dans mon cas, c'est souvent pareil avec la céramique, quoique différemment. Ensemble, le verre et la terre forment un objet tangible, un contenant qui permet de sculpter la troisième matière, la lumière. En retour, la lumière émanant de l'intérieur du contenant donne vie à e dernier. Cet objet devenu rayonnant, presque vivant, modifie à son tour son environnement en créant une atmosphère, une vision.

 

Alors, si j'essaie de condenser ma pensée en une phrase : c'est mon amour pour la lumière qui s'exprime à travers la création d'objets qui associent le tangible à l'impalpable et qui sont plus que la somme de leurs parties.

 

Someone recently listened to me talking about what I do and said "you seem pretty obsessed with light". That kind of stuck with me because I had never thought of it that way before. But I guess I am - only I would rather use the word fascination than obsession. I love candles and lamps, the sun, the moon, all sources of light. Light is life. But what I'm truly fascinated by is what happens when you put something between a source of light and its surroundings. You no longer see the source, but its projection, its imprint on all surfaces around, the play of light and shade and colour. It's like sculpting and painting light, taking it as a raw material and transforming it into something else. And the result may change the wall behind, the table underneath, or the whole space around.

 

So where does this come from? I know it now: growing up on the Arctic Circle. A very special place on many accounts, but most of all, for me personnally, on the account of light. The light and the way it changes with the seasons. The snow making moonlight so bright you can go out without a pocket lamp and see perfectly your way on a forest road. The midsummer night when the sky is all bright with the sunlinght coming from just below the horizon - or a little further up north, light coming from a big red sun that stays above the horizon all night.  The sunshine filtering through birch leaves waving in the wind or between the tall straight stems of pinetrees in the forest. The changing play of light and shade in the shallow water, on the sandy seabed molded all curvy by the movement of the waves. I could go on for a looooong while like this.

 

It would seem that all I have grown to know about light - not scientifically but more like a sense of light that developed in that special environment without my really knowing it (I think of the book "Smilla's sense of snow") - is now coming out when I associate it with glass and/or ceramics. Glass, of course, is all about light, as I have said several times in this blog. But in my case ceramics is often about it too, in a different way. Together, glass and ceramics create the tangible object, the vessel that makes it possible to sculpt the third matter, the light. And in return, the light inside brings the object to life. The result, the live object, changes its surroundings, creates a mood, a vision, and maybe triggers a (good?) feeling in the person that is watching.

 

So finally, if I concentrate it in one sentence, it is my personal sense and love of light expressing itself through the creation of objects that join the tangible and the intangible and that are something more than the sum of their parts.

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